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Voici une petite histoire de mon cirque
Permanence du Cirque. Exhibition Catalogue. Paris: Revue Neuf, 1952. Translation courtesy Calder Foundation, New York.
Permanence du Cirque. Exhibition Catalogue. Paris: Revue Neuf, 1952. Translation courtesy Calder Foundation, New York.
Quand j’étais gosse j’avais beaucoup de jouets, mais je n’étais jamais content avec ça. J’ai toujours embelli et élargi le répertoire avec des accoutrements en fil de fer, cuivre et autres matériaux.
En Californie j’avais un copain, et nous faisions de l’armure, et des armes en tôle et en buis, des boucliers, des cuirasses, des casques, des sabres, des lances, j’avais même une vieille paire de gants de ma mère couverts de plaques de fer-blanc. Lui, était Sir Lancelot et moi, j’étais Sir Tristan.
Nous pensions faire des combats (amicaux) mais il était beaucoup plus agile que moi, et une fois il m’a donné un coup avec le plat de son sabre (en bois) sur mes fesses et j’ai quitté la lice pour toujours.
Une autre fois, j’avais des chevaux en peau de vache, bourrés de sciure de bois—d’une hauteur de 25 centimètres—et un chemin de fer mécanique dont les voitures avaient une hauteur de 7 centimètres, et j’étais très enragé quand mes voisins venaient jouer avec, tous ensemble.
Une autre fois nous avions des “cattle-brands” (fers à marquer) que nous avions chauffés sur une bougie. Les fers étaient trop chauds et les chevaux étaient trop brûlés, et la sciure s’est échappée.
Ma sœur avait pas mal de poupées, et avec du fil de cuivre très fin, ramassé dans la rue quand on soudait les câbles électriques, et des perles, nous avons fait des bijoux extraordinaires.
Plus tard, j’ai joué un peu avec des jouets plus compliqués, avec la machinerie.
La première année que j’étais à Paris (26–27) j’ai rencontré un Serbe, qui se disait dans le commerce des jouets, et qui m’a assuré que je pouvais bien gagner ma vie en inventant des jouets mécaniques. Comme je n’avais pas beaucoup de sous, ça m’intéressait.
J’ai commencé tout de suite, me servant du fil de fer comme matériau principal et y ajoutant toute sorte de choses, ficelle, cuir, étoffe, bois. Du bois combiné avec du fil de fer (dont je faisais les têtes, les queues, et les pattes des animaux, et aussi les articulations) était quasi standard. Un ami m’a suggéré de faire des personnages entièrement en fil de fer, et c’est ainsi que j’ai commencé à faire ce que j’appelais “Sculpture en fil de fer” et qu’à Montparnasse on m’appelait “Le roi du fil de fer.”
Mon Serbe était depuis longtemps disparu, mais j’étais lancé dans les jouets et je me suis décidé de faire tout un cirque.
J’avais bien étudié le grand cirque “Barnum et Bailey, Ringling Brothers” pendant leurs visites à New York les deux printemps avant mon départ pour la France, et aussi les bêtes dans les parcs zoologiques.
Mon premier acrobate était un sauteur, qui avait des jambes en fil d’acier, des mains en plomb, le corps vêtu de velours jaune, et une tête faite d’une tranche de bouchon, avec cheveux et moustache peints à la gouache. On le laissait tomber sur ses pieds, et après plusieurs tours et avec bonne chance, il retombait sur ses mains. Je le trouvais très réussi quand une amie m’a dit qu’il ressemblait à son père.
Alors j’ai fait des trapézistes avec des mains et des talons en forme de crochets. Les trapèzes étaient naturellement en fil de fer, tirés avec des fils de coton. Avancer, c’était très facile. Mais j’ai tenté une modification pour que la dame saute vraiment d’un endroit à un autre, pour être rattrapée dans les mains de son bonhomme.
Le résultat—elle sautait dans le sens contraire à ce que j’avais pensé. Mais tout ce qui était nécessaire était de mettre le monsieur à l’autre bout.
J’avais fait un cheval en bois qui galopait, et je voulais le faire marcher dans un cercle. Au milieu d’une planche de carton j’ai fixé une machine pour battre les œufs qui marchait à l’envers au moyen d’une manivelle de fil de fer placée en dessous du carton et sortant sur le côté. L’ancienne manivelle de cette modeste machine était redressée et prolongée avec du fil de fer et ainsi j’ai pu faire marcher mon cheval dans un cercle.
Après ça j’ai fait un acrobate avec les jambes écartées en demi-cercle et des pieds lourds et un tremplin qui le lançait en l’air. Le numéro consistait à faire marcher le cheval à la manivelle et de lancer l’acrobate, en tirant un fil qui lâchait le tremplin, afin que le monsieur tombe à cheval.
J’ai fait aussi une danseuse du ventre avec une espèce d’hélice qui perçait son corps en long, et tournait, entraîné également par la même espèce d’engrenage.
J’ai fait un chien en tuyaux de caoutchouc, qui roulait 3 rais à chaque coin, ce qui faisait balancer sa queue. Il allait faire son besoin sous un bec de gaz, puis rentrait en galopant.
Plus tard, Paul Fratellini l’a vu chez moi et m’a demandé d’en faire un plus grand pour lui. Il a été appelé Miss Tamara et Albert Fratellini l’a traîné pendant des années dans les séances.
Il y avait aussi un dompteur de fauves, et son lion. Le lion qui avait un corps en fil de fer et une tête d’étoffe orange faisait plusieurs acrobaties, et puis se trouvant assis sur un socle, lâchait 2 ou 3 marrons, que je couvrais vite avec de la sciure de bois. Je voulus y ajouter les odeurs. J’allais acheter du parfum, du musc, mais c’était trop cher, alors on m’a vendu un tube de pâte dépilatoire (comme ayant une mauvaise odeur). Je l’ai rapporté chez moi, mais quand je l’ai ouvert, je me suis vite décidé à laisser tomber les odeurs.
J’avais le “Wild West” avec un cow-boy qui était très adroit avec un lasso, et qui attrapait un taureau qui galopait dans le cercle.
Il y avait aussi un “lanceur de sabres” et sa “première favorite” qui était finalement blessée et enlevée de la piste par deux brancardiers et qui rentrait tout de suite sur la piste comme la “deuxième favorite.” Naturellement il y avait un chef de piste, en haut de forme fait d’un bouchon et d’une plaque de carton, et un habit à queue. Il avait un sifflet pour arrêter la musique, pour faire les annonces, et un mouth organ comme clairon quand il y avait quelqu’un d’importance.
Je changeais les tapis de couleurs vives presque à chaque numéro pour donner le complément des couleurs dont étaient faits les costumes des artistes, qui portaient souvent des magnifiques bijoux de chez Woolworth. En tout il y a environ 20 numéros, qui avec un entracte, et des cacahuètes, et la musique exotique du gramophone, dirigé par ma femme, qui est un superbe chef d’orchestre et avec les bruits d’un tambour, des cymbales, un tuyau en carton pour faire parler le lion et si vous aimez le Cirque en grand, peut-être vous aimeriez le mien.
When I was a kid, I had many toys, but I was never satisfied with them. I always embellished and expanded their repertoire with additions made of steel wire, copper, and other materials.
In California, I had a friend with whom I made armor and weapons from tin and wood, shields, breastplates, helmets, swords, lances; I even covered an old pair of my mother’s gloves in tin scales. He was Sir Lancelot, and I was Sir Tristan.
We planned to stage (friendly) fights, but he was a lot more agile than I, and one time he dealt me a blow to my bottom with the flat side of his (wooden) sword and I quit the game for good.
Another time I had some horses made of cowhide stuffed with sawdust—25 centimeters high—and a mechanized railway whose carriages were 7 centimeters tall, and I became enraged when my neighbors all came over to play with them.
Another time, we had some branding irons that we had heated up over a candle. The irons were too hot and the horses got too burned, and the sawdust came out.
My sister had quite a few dolls, and using very fine copper wire we found in the street after electric cables were spliced, and beads, we made extraordinary jewelry.
Later, I played around a bit with more complicated, mechanized toys.
The first year that I was in Paris (26–27), I met a Serb, who said he was in the business of toys and who assured me that I could make a good living by inventing mechanical toys. As I didn’t have much money, this interested me.
I began right away, using wire as my principal material and adding all sorts of things, string, leather, fabric, wood. Wood combined with wire (with which I made the heads, tails and paws of animals as well as their articulations) was standard. A friend suggested that I make figures entirely of wire, and it was then that I started to make what I called “Wire Sculpture” and in Montparnasse, they called me the “King of Wire.”
My Serbian had long since disappeared, but I had begun with toys and I made up my mind to create an entire circus.
I had carefully studied the great circus, Ringling Bros. and Barnum & Bailey, during their visits to New York the two springs before I left for France, and also the animals in the zoos.
My first acrobat was a tumbler who had legs of steel wire, hands of lead, a body covered in yellow velvet and a head made from a piece of cork with hair and a moustache painted on in gouache. I would let him fall onto his feet, and after many tries and some luck, he would land on his hands. I thought him very successful when a friend of mine said that he looked like her father.
Then I made trapeze artists with hands and heels in the form of hooks. The trapezes were naturally made of wire and activated by cotton strings. To move normally was simple. But I tried to modify the female acrobat so that she could really leap from one place to another, ending up in the hands of her man.
The result—she leapt in the opposite direction of what I had planned. But all I had to do was place the man in the opposite position.
I had made a wooden horse that could gallop, and I wanted to make him walk in a circle. So in the middle of a piece of cardboard, I put an egg-beater which operated upside-down by means of a wire crank attached underneath the cardboard and protruding from the side. The old crank for this modest machine had been redesigned and lengthened with a wire extension, so I could get the horse to go round in a circle.
After that, I made an acrobat with legs in a full split and heavy feet and a springboard that would spring him into the air. The act consisted of making the horse move by way of the crank and launching the acrobat by pulling a string that released the springboard, so that the gentleman would land on the horse.
I also made a belly dancer with a kind of helix that pierced her body lengthways, and rotated it by the same gear system.
I made a dog from rubber hose, who rolled on three spokes at each foot, which kept his tail in balance. He would go to do his duty under a gas lamp, then come running back.
Some time later, Paul Fratellini saw it at my place and asked me to make a larger version for him. He was called Miss Tamara and Albert Fratellini dragged him along in his performances for years.
There was also a wild-animal trainer and his lion. The lion, whose body was made out of wire and his head from orange fabric, would perform all sorts of acrobatics, and then, finding himself seated on a pedestal, he would release 2 or 3 chestnuts, which I would quickly cover with sawdust. I also wanted to add odors. I went to buy some musk perfume, but it was too expensive, so they sold me a tube of hair removal cream (because of its awful smell). I took it back to my place, but when I opened it, I quickly decided to abandon odors.
I had a “Wild West” act with a cowboy who was quite talented with a lasso, and could catch a bull that was running around in the ring.
There was also the “Knife Thrower” and his “Favorite Assistant” who would get injured and be removed from the ring by a couple of stretcher-bearers, and who would reappear instantly back in the ring as the “Second Favorite Assistant.” There was of course a Ringmaster in high form with a body made out of cork and a piece of cardboard, dressed in tails. He carried a whistle for stopping the music to make announcements, and a mouth organ for bugle sounds when there was someone important.
I would change the brightly colored rugs for almost every act to complement the costumes of the artistes, who often wore magnificent jewelry from Woolworth’s. In all there are about twenty acts with an intermission, peanuts, and exotic gramophone music played by my wife, who is an excellent conductor, and with the sounds of a tambourine, cymbals and a cardboard pipe for making the lion roar and if you like the big circus, then maybe you’ll like mine.
Rodman, Selden, ed. “Alexander Calder.” In Conversations with Artists. New York: Devin-Adair, 1957.
General ReferenceWorld House Galleries, New York. 4 Masters Exhibition: Rodin, Brancusi, Gauguin, Calder. Exhibition catalogue. 1957.
Alexander Calder, Statement
Group Exhibition CatalogueKuh, Katharine. “Alexander Calder.” In The Artist’s Voice: Talks with Seventeen Artists. New York and Evanston, Illinois: Harper & Row, 1962.
General ReferenceJones, James. “Letter Home.” Esquire, vol. 61, no. 3 (March 1964).
MagazineCalder had a major show in 1946 at Galerie Louis Carré in Paris for which Jean-Paul Sartre wrote a seminal essay. He designed sets and costumes for a number of theatrical performances and designed a huge acoustic ceiling for the Aula Magna auditorium at Universidad Central de Venezuela. In 1952, Calder represented the United States at the Venice Biennale, winning the grand prize for sculpture.